Céline Albiné, celle qui parle au nom des pigeons

Marie Sarfati, le 03/11/2025 à 13:19
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crédit photo : Génaro Servin 


Ils sont partout autour de nous, perchés sur les toits, sur les places ou à nos pieds sur les bancs. Et pourtant, on les remarque à peine. Le pigeon, souvent jugé sale ou inutile, est pourtant un oiseau au destin étroitement lié à celui des humains. Céline Albiné, elle, a décidé de leur redonner une voix.

Sur Instagram, sa page Pin Pigeon vise à sensibiliser au bien-être de ces oiseaux souvent mal-aimés. Son engagement est né d’une découverte choquante : la plupart des blessures des pigeons sont causées, sans le vouloir, par l’activité humaine. Les cheveux ramassés dans les salons de coiffure ou les fils de vêtements jetés dans la rue s’enroulent autour de leurs pattes et forment de véritables garrots. « Ces fils finissent par nécroser la patte, qui se détache parfois complètement », explique-t-elle.

Face à ce constat, Céline s’est formée aux premiers gestes de soin, observe les pigeons et tente de corriger les idées reçues. Car le mépris envers cet oiseau vient d’une longue histoire oubliée. Domestiqué depuis plus de dix mille ans, le pigeon a d’abord été élevé pour sa chair avant de devenir un messager indispensable grâce à son sens de l’orientation. Mais après les guerres, les pigeons voyageurs ont été relâchés sans être réhabilités.

Privés de leur autonomie, ils se sont naturellement tournés vers les humains. « On leur a enlevé leur capacité à se nourrir seuls. Ils sont donc obligés de venir chercher nos restes sur les terrasses ou dans la rue », explique Céline.

Pour elle, il est temps de changer de regard. Les pigeons font partie intégrante de la vie urbaine et méritent d’être considérés autrement que comme une nuisance. « Si leur présence pose problème, il existe des solutions plus dignes, pour eux comme pour nous », plaide-t-elle. Réhabiliter leur place dans la ville, c’est aussi reconnaître la responsabilité humaine dans leur sort.