Des traces de pollution dans nos verres : les vins contaminés par les TFA
Des traces de pollution dans nos verres : les vins contaminés par les TFA
M Marie Sarfati
, 19 mai 2025
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01:45

 

Une récente étude révèle une présence croissante de TFA – des composés chimiques issus notamment de pesticides – dans les vins produits depuis la fin des années 1980. Un phénomène inquiétant qui interroge sur l’impact de l’agriculture chimique sur notre environnement… et nos assiettes.

Boire un verre de vin pourrait-il devenir un acte de pollution involontaire ? C’est la question que soulève une étude menée par l’association Générations Futures, révélant que de nombreux vins, produits à partir de 1988, contiennent des traces de TFA (acide trifluoroacétique), une molécule issue de la dégradation de certains pesticides et gaz industriels.

Mais c’est quoi, exactement, le TFA ?

Interrogée sur le sujet, Kildine Le Proux de la Rivière, membre de Générations Futures, explique :
« Le TFA est une toute petite molécule. Elle peut être utilisée comme matière première pour d’autres substances chimiques, mais elle est aussi le résultat de la dégradation de plus grosses molécules, notamment les PFAS ou les gaz fluorés. »
Ces PFAS, aussi appelés "polluants éternels", sont des composés utilisés dans l’agro-industrie depuis les années 2000, et en forte hausse depuis les années 2010.

Le lien avec le vin ?
L’étude montre une corrélation claire : plus les PFAS sont utilisés, plus les concentrations de TFA dans les vins augmentent. Entre 2021 et 2025, les niveaux relevés dans certaines bouteilles explosent. Avant l’arrivée de ces pesticides, les taux étaient faibles, voire nuls.

« Le problème, souligne Kildee Le Proux, c’est que le TFA s’accumule dans l’environnement, notamment dans l’eau de pluie, via le cycle de l’eau. » Ce n’est donc pas le vin lui-même qui est directement visé, mais le milieu agricole dans lequel les vignes poussent, désormais largement contaminé.

Jusqu’ici considéré comme peu toxique, le TFA est désormais dans le viseur des scientifiques.
Des recherches récentes évoquent des risques pour la reproduction, notamment des malformations fœtales observées chez des animaux de laboratoire exposés à la molécule.

Alors, que faire ?

Les solutions résident en grande partie dans la réduction des émissions de TFA dans l’environnement, en limitant l’usage des PFAS et des gaz fluorés, principaux responsables de cette pollution silencieuse. Pour les défenseurs de l’environnement, le vin devient ici un indicateur révélateur : celui de la contamination croissante de notre écosystème par des substances persistantes, invisibles mais bien réelles.

Un nouveau signal d’alarme pour les scientifiques et les citoyens soucieux de la qualité de ce que nous buvons… et de l’air, de l’eau, et des sols dans lesquels cette qualité se construit